• AIX, DE LA FAC AU CAMPUS : UN UNIVERS PONCE

     

    Faculté de pierres au coeur de fer

     

     Comme un jouet cassé, la Faculté de Lettres d'Aix-en-Provence semble prête pour la poubelle. Toutefois à l'heure où le tri sélectif s'impose, une tentative de recyclage est en cour. Si le "plan campus", véritable fer de lance politique de la ville a acté de la destruction pure et simple de plusieurs édifices tel celui acceuillant le restaurant universitaire des Fenouillères : le vaisseau mère fait de la résistance.

    Les plus romantiques pourraient croire à l'instinct de conservation des planificateurs, d'autres plus sévères opteront pour la thèse abordée de la valorisation. La réalité est plus terre-à-terre, il s'agit pour le maître d'oeuvre de réduire considérablement les coûts de l'entreprise de restructuration, de mise en campus de la bonne vieille fac de Lettre d'Aix-en-Provence.

    Pour cause, la structure du bâtiment principal de la faculté, le géant, ne se prête guère à des opérations de démentèlement ou de destruction. Solidement ferré, le monstre de béton aux six étages grand comme plusieurs terrains de sport semble imperméable à toute manoeuvre de destruction à tout le moins le coût d'une telle opération serait exorbitant.

    En sus de cette contrainte métallique, l'antre du vaisseau mère est gavé d'amiante. De la sorte, le poison menace à tout instant, d'autant plus lorque les pelles-mécaniques se présentent. Ces caractéristiques techniques s'opposent à l'ambition qui se dessine au fil de la révélation du chantier : assurer une monté en gamme de l'Université.

     

    Ponceuses à plein régime

     

    Véritable trame du projet, l'ambition d'être le meilleur, de faire mieux que ceux de la liste, s'insinue dans chaque phase, dans chaque élément du dispositif. A cran, un employé de l'université regrette déjà l'ambiance d'avant qui par vague se dissipe emportée au gré des bennes de déchets de chantier. Presque nostalgique, cet ancien des services techniques imagine déjà les contours lisses, poncés à nue de la nouvelle université.

    Cette peinture des plus moderne donne à voir des contours du nouveau campus tandis que la fac disparaît sous les dernières couches de vernis. Pourtant, le vaisseau amiral semble à l'abris des assauts de la modernité, protégé par ses multiples malfaçons, par ses dépôts d'amiante. En fait : il n'en n'est rien.

    En effet, si les plans du futur campus inclus de conserver le vaste bâtiment principal, la destruction de son âme est en marche. Point par point, presque insidieusement, l'ambition implacable du plan campus, réduit l'organisation, efface la mémoire sociale du site. Pour ce faire, le calendrier des travaux comporte des opérations biens spécifiques.

     

    Des patissiers urbains qui défont le millefeuilles 

     

    Dans un premier temps, l'accent est mis sur l'éclatement des départements : ces espaces qui par disciplines se partageaient le bâtiment. Au 5ième  la psycho ou au 2ième l'espagnol, chaque couloir correspondait à un contexte particulier régi par ses professeurs, fréquentés par les initiés de la spécialité.

    Cette mozaïque invitait le visiteur entre affichettes et portes personalisées, entre portions propres, cliniques et espaces plus déjantés. Là où les étudiants "en musico" grattent et devisent, là ou les philosophes sont perchés, ainsi était le monde de Régis. Chaque jour comme pour la gazelle de savane, le paysage enchanté de Régis disparaît un peu plus.

    Dans ce trou noir, les collections d'ouvrages des départements sont systématiquement évacuées au profit de la bibliothèque principale. Ainsi, les départements sont-ils vidés de leur substance, là où la bibliothècaire ignore son devenir. Dans cette immense salle du rez-de-chaussée, les racks hier achalandés de milliers d'ouvrages en langue anglaise sont vides et froid, les chaises desertées.

    Du reste plus tard, les couloirs de la fac deviennent alors de simples couloirs desservant de simples salles de cours. Au dehors, les paysagistes dessinent le parfait, l'impeccable. Alors les vas-et-viens extérieurs se font comme à la ville. Comme une peinture invisible mais puissante, l'incipide s'incruste jusqu'à la cime des arbres derrière les derniers graffitis poncés en permanence. 

     

    Un couloir aux multiples portes s'offrait à moi

     

    Non loin, les nouveaux bâtiments éclatant de verre et de métal narguent de leur modernité le bâtiment principal. Ce contraste, ce mélange des genres intervient comme une problématique à résoudre pour servir les ambitions de Campus. De fait, il s'agit de moderniser au maximum les batiments survivants traités à présent comme des encombrants.

    Dans ce dessein au-delà du ravalement complexe des façades émiétées, Campus prévoit un cahier des charges très strict pour le réaménagement du vaisseau mère. Déja certain amphithéatres, salles de cours magistraux, ont été mis aux normes. Plus tard c'est chaque porte du batiment qui sera changée, les panneaux d'affichage normalisés. 

    En coulisse le mercato pour l'occupation des nouveaux batiments est déjà terminé, certain envisagent alors le vaisseau mère comme une arche de Noé. Sans avenir, les survivants accrochés à leurs archives restent dans l'expectative, une mise en abîme de leurs vies en de simples souvenirs.

    Plus tard à la cafet un étudiant rêve à son avenir. Depuis sa fenêtre du 3ième Robert n'en ratte pas une miette pestant contre Campus, déjà le groupe de jeunes se disperse vers les tours de verre.
     

    action
    contexte
    couloirs
    couloirs  en cours d'évacuation
    5ème
    hs
    étiqueté pour le grand voyage
    enseigne encore en place, pas pour longtemps
    cureur en action
    curage en cou

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