• Au fil des wagons comme une vache je me mis à compter...

     

    Le long de la voie ferrée des gens errent voilà qui est du déjà vue. N'y a-t-il pas du côté de Trets, vers Saint Zacharie quelques nostalgiques du train qui fort de portions ferrées abandonnées organisent des visites ? De l'intérêt porté aux édifices ferroviaires à la beauté des sites exclusivement pénétrables par le passage des rails rien ne manque au tableau.

    Il s'agit dès lors de questionner les fonctions implicites du réseau de transport. L'état d'abandon signe-t-il une nouvelle carrière des équipements et comme une cristallisation historique du progrès ? Pour sûre qu'à travers ce prisme on ne manquera pas de saisir les remous de notre société. Il y a là comme une photo, un calque qui superposé au paysage en livre toute une histoire. Rien de plus a priori que quelques ruines ou châteaux évocateurs du passé.

    Autour du plateau, qui fut une table, les yeux suivent la locomotive et un à un comptent les wagons. Pour ces spectateurs-constructeurs le souci du détail se lit par la tendresse de la composition. La gare de "Gap miniature" est au centre du dispositif. Depuis ce point les voies s'étirent sur une surface modelée en fonction du relief réel. La maquette permet d'objectiver de la complexité des ouvrages, de leurs mises en connexion mais également de la passion déclarée à son endroit.

    Du reste, la réalité proposée au travers d'un jouet construit par de très grands garçons ne rend pas de l'actualité des sites. Nous n'évoquons pas l'omission des horaires ou des nouveaux modèles d'ensembles roulants mais plutôt celle de la dimension extra-ferroviaire.

    Longeant une voie ferrée il n'est pas rare de l'apercevoir toute urbaine de tags ou folle d'herbes et de ronces. A Aix-en-Provence on aime longer la voie, guetter les trains depuis un chemin, protégés derrière les grillages rouillés en plaque. Plus loin, un passage sous-terrain qui parfois fleure l'urine, est le panneau d'affichage informel du quartier. Juste à sa proximité une petite maison coquillette témoigne de la dispersion ancienne du patrimoine sncf. Ce sont toutes ces maisons à l'allure unique qui en bords de voies, parfois devenues routes, parfois déposées furent construites pour les besoins du réseau.

    La Nationale 7 à hauteur de Saint-Canat et en direction d'Aix-en-Provence était coupée jadis par une voie ferrée. Du côté du Parc des Automates une demeure de garde-barrière abandonnée en bord de route n'a plus d'yeux sur rien. Plus loin, comme en campagne, un ensemble de bâtiments pour leur part bien actifs constituent les vestiges d'une petite gare de marchandises. A travers champs on suit comme cela jusqu'au Grand Saint Jean le tracé de l'ancienne voie.

    La visite prend ici des allures printanières. Peut-être l'absence de voie contribue-t-elle à minimiser l'artificialité des sites ? Du reste au sein des centres urbains, la visite des secteurs ferroviaires est en général réservée aux initiés. A ceux, qui, porteurs de badge, qui, l'ancien, vont et viennent. A côté des acteurs officiels, les tagueurs, les marginaux, les néo-urbains s'opposent aux voyageurs. La masse constituée par ces derniers est comme une essence, une clef pour d'autres usagers aux cœurs de fer et de pierre.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique