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NEO-RURAUX LE CHOIX DE L'INTINERANCE
Tandis que l'hiver passe, le temps des agapes en plein air arrive à grands pas. En sus des traditionnels aïolis, du mariage programmé dans l'été, les teuffeurs - amateurs de musiques electroniques - préparent leurs camions depuis leurs bases hivernales. Ces grands amoureux de l'automobile utilitaire mêlent dans cet exercice passion pour leur maison mobile et impératif de déplacement. A l'appuis, depuis quelques temps un jeune couple dans la vingtaine patiente dans le froid avant de reprendre la route.
Car en vérandaPour eux le cadre de résidence hivernale est comme un camping sauvage aux portes d'Aix-en-Provence. Sur une vaste dalle posée au bord de l'Arc - qui fut un temps destinée à accueillir un parking de supermarché - une dizaine de camions, de voitures et un improbable car décharné se partagent l'espace.
Entre Mad-Max et Robinson, les habitants aménagent ici une terrasse, creusent là-bas une fosse d'aisance. Plus loin dans le paysage, à quelques encablure du Château Noir, une autre "unité Spirale" goute à l'agréable torpeur de l'habitat éparse typique du Tholonet. Installés autour d'une maison marquée par l'abandon depuis quelques années, les jeunes ont su s'imposer auprès du propriétaire qui contre de menus travaux, notamment de toiture, acceptent de valider l'étrange camping encore quelques mois.
A bien y regarder, l'ensemble de véhicules pousser au fond du terrain apportent des couleurs, de la vie à un quartier devenu résidentiel, temporaire. Du côté de Meyreuil dans un cadre tout aussi idyllique, un autre groupe de ces néo-nomades jouit du prêt d'un cabanon en bois ainsi que du précieux terrain qui l'entoure. Comme une parenthèse sur cet axe forestier, l'installation donne des airs de camping au site. Ces nouveaux nomades proposent de nouvelles formes d'occupation de l'espae directement héritées des dispositifs mis en place pour organiser les free-party. En effet, il s'agit d'agencer un espace inconnu mais dont les caractéristiques représentent a priori des valeurs de sécurité pour le groupe. Si dans le cas des soirées l'installation est furtive mais intense, les termes de ces nouveaux squats s'inscrivent dans la durée et le plus souvent dans un effort consentit d'adaptation.
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Pour les propriétaires de biens susceptibles d'intéresser ce type de population, la surprise est souvent le premier ressentit constatant la présence de ces invités pour le moins inattendus. Passé les heurts du contact, le choix de l'expulsion pure et simple des intrus est souvent arrêté mais ce n'est plus toujours le cas. En effet, la sélection des "cibles" est guidée par des critères particuliers, notamment celui de la tranquilité. Par là, les sites retenus offrent la plupart du temps peu d'intérêts pour le citadin au mode de vie classique, peu de perspectives pour le squatter repentis.
Comme un pack de service locatif, la charte d'une copropriété, le mode de vie évoqué procure son lot d'avantages comme son lot d'inconvénients. Les acteurs de ces programmes se conforment à une vie nécessairement collective dans la mesure où seul le poid, la force d'une occupation permanente peu conduire à la pérennité de l'habitat. En outre, si certaines prestations comme l'electricité ou l'eau peuvent être parfois disponibles gratuitement en retour, le cadre de vie ne produira aucune propriété structurante d'un point de vue sociétale. Nulle facture, nulle quittance de loyer, même l'adresse est celle d'un autre.
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Depuis leur rêve premier et comme pour le conserver un équilibre doit en permanence être maintenu entre confort de l'éxotisme et tentation du conformisme. Il s'agit pour ces néo-ruraux du troisième type d'assumer un va-et-viens de qualité entre nature et urbanité afin de ne pas s'enfermer, comme leurs ainés, dans l'austérité d'un rêve devenu par sa perfection par trop étriqué.
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