Voilà une maison bien ancrée dans son temps : les années 1980 et plus précisément du côté de la fin de cette décennie.

Amoureux, ce couple avait choisi de s'établir au calme de la périphérie boisée d'un petit village provençale.

A peine habité, ce coin de paradis s'offre en vallon et pentes touffus où la nature sait montrer sa richesse minérale.

Ce cadre saura rappeler aux propriétaires son ancien habitat du côté de la Côte d'Azur. 

Sur un grand terrain, le couple va réaliser les plans dessinés au coin du feu pour un ouvrage tout à la fois cubique et à l'aspect traditionnel.

Bientôt le cabinet d'architecte dépêché sur place recroque les esquisses pour produire en un jeu de trois éléments une maison contemporaine. 

 

Les bulldozers et autres Cat vont ainsi modeler la parcelle qui s'étire en hauteur pour assoir la belle de sorte que chaque côté

présente un niveau différent. Au dedans, les espaces de vie communs sont vastes et sans encombrement avec un jeu de

mezzanines qui donne une impression labyrinthique tout en préservant le superbe des volumes.

Tandis que l'étage inférieur forme la salle de jeu toute lambrissée pour conduire vers une cuisine secondaire, les étages s'offrent

en satellites mi couchage mi salon. 

Au dehors il y a la jolie piscine au fond bleue servie par un pool house où l'on devine les après-midis passées au feu des grillades.

Dans ce rêve, le décès de Monsieur quelques années après l'emménagement est le déclencheur du déclin de l'habitation qui

perdue dans le dédale successoral va être recluse plus de dix ans.  

A l'affut, quelques jeunes du quartier viennent bientôt squatter le jardin et même monter dans la sportive italienne, encore entière,

laissée là avec tout le reste : un morceau de vie en bonheur. Au fil des années, les prélèvements se mêlent au classique vandalisme.

Ainsi pendant que certains prélèvent le moteur de l'italienne, d'autres traces sur les murs les angoisses de leur jeunesse.

Parfois dans l'été la police municipale chasse quelques opportuns avertie par les riches voisins dérangés par cette zone

d'autonomie temporaire.