• PLAN-DE-CAMPAGNE SON HISTOIRE SA BASE AMERICAINE

    Comme une porte, Plan de Campagne constitue à n'en point douter l'un des verrous de Marseille. En somme depuis Aix-en-Provence et suivant l'autoroute pénétrante A7 anciennement "Autoroute Nord de Marseille", c'est ici que tous commence. En effet, passé la station d'autoroute des Chabauds créé avec le premier tronçon "Septèmes-les-Vallons - Bouc-Bel-Air en 1953, le paysage devient plus immédiat et les locaux de commerce. Du reste, cette halte n'est en somme rien de plus qu'une aire de repos rendue encore plus glauque par sa non-appartenance au réseau autoroutier privé. Le secteur relève bien de la DDE qui d'imiter les sociétés autoroutières adopte volontiers l'usage de véhicules type "patrouille". Plus loin, la sortie Plan de Campagne connait souvent les affres des bouchons. Comme autant de dimanches passés, les essaims de véhicules se forment aux portes de la zone commerciale qui s'étend sur près de 220 hectares. En dehors du dimanche où est concentré le plus gros des 60 millions de visiteurs annuel, le flux d'automobiles est plus réduit, il est alors plus aisé de circuler dans les très staliniennes avenues "du" Plan-de -Campagne.

     

    De son histoire tout a été dit et les plus férus connaissent bien le destin de la famille Barnéoud. A partir de 1964, Emile Barnéoud entreprit de réaliser des profits et bien plus irréel, de faire venir des clients dans une zone qui relevait à l'époque de terrains maraîchers enserrés dans des marécages. Le premier magasin fut une enseigne de discount électroménager, idée novatrice pour l'époque ramenée des Etats-Unis par Emile Barnéoud résidant alors aux Pennes-Mirabeau, villa Clos Fleuris. Plus tard, l'enseigne Casino rejoint la zone. Après quelques décennies, le site commercial est de loin le plus enluminé, le plus vaste de toute la région. Si quelques masures résistent derrière certains magasins, leurs heures sont comptés à l'image de cette maison située à proximité de Leroy Merlin sur la route de Cabriès, promise à un usage de parking. Seules les habitations sises au nord-est du complexe commercial restent vivantes témoignant de la modestie, du labeur agricole éprouvé jadis dans le vallon avant sa transformation.<o:p></o:p>

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    A propos de Plan-de-Campagne on retient surtout la taille du site et sa vocation dominicale pour mettre en exergue ses principales caractéristiques. A la suite, il est aisé d'imaginer l'endroit comme un lieu dédié à la consommation, aux loisirs dérivés et pour certains comme un espace de vie rêvée. Qui de se rendre au cinéma multiplexe édifié en 1999, qui de manger au Buffalo Grill entre deux courses : pour de nombreux individus Plan de Campagne est comme une campagne. De celles que les anciens visitaient chaque weekend et comme un refrain se juraient de tous temps de l'embellir. A Plan-de-Camagne tout cela est bien rationalisé et la visite souvent effectuée en famille est bien organisée. Voyant plus loin, il y a bien quelques collines mais le tout semble comme inséré dans la zone. En surplomb côté nord et par la route de Cabriès on trouve un club de gym très actif et à la suite un ensemble d'équipements communaux qui comme lotis dans la pinède sont le pendants du succès de la zone.<o:p></o:p>

    Non loin, une propriété de grande taille à quelques centaines de mètres de la route est protégée par une puissante barrière métallique. Au-devant un petit parking autorise une courte halte. Le site semble être une très grande ferme or depuis 1944 il n'en n'est plus ainsi. Il s'agit d'une des parties d'une ancienne base militaire américaine. La base nommée militairement "CCPWE 404" ou "APO 562" - Continental Central Prisoners of War Enclosures - ou "Army Calas Staging Area" par l'Armée américaine était volontiers appelée "camp américain" ou encore "camp du Réaltor" par les autochtones. Les prisonniers pour leur part avaient leur carte de prisonnier - carte de capture - estampillée Septèmes-les-Vallons. Utilisée dès 1944 comme bivouac par les troupes de l'US Army, la base va rester en service jusqu'en 1947. Il s'agissait d'un camp de transit destiné à organiser la guerre contre l'Allemagne dans la phase suivant le débarquement de Provence. L'une des autres fonctions du dispositif était également de réunir les prisonniers de guerre capturés dans le secteur militaire de Marseille.<o:p></o:p>

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    Ils seront jusqu’à 45 000 à transiter en même temps par le camp - 1 million d'hommes sont passés par le camp entre 1944 et 1947 -, la plupart sont des soldats de l'armée "régulière" allemande cantonnés selon leur armes. Les éléments appartenant aux sombres unités Waffen SS font l'objet d'un traitement disciplinaire spécifique prémisse à l'établissement des responsabilités en termes de crime de guerre. L'endroit diriger par le Major Hunter Joseph, selon un compte rendu de la visite du CICR - Croix-Rouge -, en date du 28 août 1945, les conditions de vies dans le camp étaient "rendues pénibles par la poussière et le soleil de plomb" qui caractérise les conditions climatiques du "plateau tout en garrigues" de l'Arbois. Logés sous des tentes américaines organisées - 5 500 tentes - en dix compounds les prisonniers mènent une vie rude, certains officiers ou cuisiniers sont mieux lotis dans de petites baraques de bois - 1 300 bâtiments en béton ou préfabriqué

    photo 1718

    s.

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    vestige du passé

    Si la nourriture, toujours selon la même source, est décrite comme de qualité, les rations en ces temps de rationnement restent légères. L'hygiène et les soins médicaux sont pour leur part très bien organisé avec pour chaque compground une infirmerie et rattaché au camp - certainement au nord-ouest du site un hôpital militaire - General Hospital. Le site comptait également une salle de spectacles forts de 15 000 places, un réseau de route fort de plus de 716 Km de voie et un réseau d'alimentation en eau fort complet. Formé d’une vaste plaine, le site s'étend sur une centaine d'hectares depuis la route jusqu'aux arrières de la guerre TGV d'Aix-en-Provence, de la commune de Calas au flanc sud des communes de Velaux et des Milles. En faire le tour prendrait à coup sûre plus de quatre heures et avec plus de relief il serait aisé de s'y égarer.<o:p></o:p>

    Les quelques bâtiments encore debout rappellent l'usage, l'origine agricole d'une partie du site. Cette dernière fut en effet longtemps une ferme puis fut mobilisée au point d'abriter des installations militaires notamment liés à la maintenance des véhicules. Le corps de ferme fait aujourd'hui office de guérite pour le visiteur qui n'est pas la bienvenue. Les bâtiments sont bien tenus et gérés par l'actif Comité de Chasse de l'Arbois qui loue le site à la commune. Au-delà de ce carré fort de plusieurs centaines de mètres carré s'étale à gauche sur une centaine de mètre ce qui à la construction avait du être livré en qualité de porcherie. Le bâti est ancien d'une bonne centaine d'années. Plus loin, un bâtiment plus massif abrite un curieux réseau ferroviaire dont l'usage reste à définir. Partout les murs sont éventrés et l'extérieur est jonché de restes laissés par une succession d'occupants aux visés si différentes. Ici, un groupe entraîne des chiens à l'agility dog là-bas, un chasseur rappel à des badauds le caractère privé du terrain et l'interdiction formelle d'y pénétrer. Du côté gauche, l'espace est dégagé et une piste d'aviation de fortune était probablement installée ici durant la guerre. Alentours les bâtiments sont éventrés, seul subsistent quelques hangars qui sont tous fait de pierre. A la limite ouest du terrain, la ligne TGV est coure tout au long et des mini-tunnels permettent à certains endroits de passer de l'autre côté.

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    La rupture est saisissante entre l'arrière et le devant de la zone. Reprenant l'autoroute en direction de Marseille, passé la bifurcation pour Istres et toujours en direction de Marseille nous longeons sur la gauche un massif boisé. Limitrophe de l'autoroute, la colline arborée de pinède est marquée de traces ici et là héritées de micro-incendies. Les sinistres sont ici vite maîtrisés en liens, la proximité immédiate du centre d'exploitation de la DDE et le commissariat de l'autoroute. L'accès aux structures jumelle se fait par une sortie dédiée qui du reste est remarquable dans la mesure où depuis cette dernière l'automobiliste engagé dans "sa descente sur Marseille" peux se redirigé sur Aix-en-Provence. Lové contre la pinède, la DDE possède plusieurs bâtiments avec notamment un hangar dédié au salage hivernal.<o:p></o:p>

    Pour visiter le terrain attenant et ses mystérieux bois qui cernent le nord-ouest de Marseille nous quittons l'aire administrative et sortons à la sortie Saint Antoine. Nous continuons tous droit puis à droite au feu en direction de Grand Littoral, immédiatement après au rond-point, à droite puis tout droit, par la suite, suivre le Chemin des Fraise qui longe l'autoroute en son début et part à gauche. Le chemin est bordé de maisons dans un premier temps puis celles-ci se font plus rares puis absente à droite. En lieu et place une pinède bien fournie indique la limite du site. Continuons le chemin jusqu'à son bout : une barrière ONF. Droit devant quelques voisins jouent aux boules et passant derrière leurs demeures nous plongeons vers l'autoroute. Nous sommes sur un plateau qui domine l'autoroute, plus bas il apparaît, son bruit le flot avec. En descendant un vallon offre un rare spectacle : deux maisons parfaitement abandonnées.<o:p></o:p>

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    Ici, le temps semble s'être arrêté à la date de construction de l'autoroute. Les bâtiments sont très dégradés et l'ont peu estimé leur abandon à une quarantaine d'années. Le site devait être un domaine avec une maison d'habitation principale luxueuse située à l'heure actuelle à quelques mètres de la chaussée. Le carrosse est devenu ruine malgré tout on devine un luxe passé avec une cheminé spectaculaire aux formes de colonne romaine et des espaces intérieurs reliés par des décaissements voutés. Le rêve s'arrête ici tant les ronces sont présentes, tant l'absence d'une moitié de la demeure est criante. Plus haut, la deuxième maison devait être celle des domestiques, plus modeste son bâti est tout aussi ancien. Une 104 rouillée dans la lande attend son heure tandis qu'une carcasse défie les lois du pilotage perdue en fond de vallon. L'autoroute passe au-dessus du site et procure comme une ombre au domaine et un splendide isolement qui le confine au confins du glauque. Des traces d'autos toutes fraiches mène à un mini-tunnel qui passe sous l'autoroute et ressort non loin de Plan de Campagne...<o:p></o:p>

     


  • Commentaires

    1
    michel993
    Jeudi 22 Septembre 2016 à 12:42
    Bonjour, vous dites que tout A été dit sur le destin de la famille BARNEOUD et je voudrais compléter l'information en ajoutant ce qu'il m'a dit et qui me paraît important :
    Jeune, étant désargenté, il s'est expatrié en Afrique pour en gagner, après quelques années il a pu s'associer avec trois personnes pour acheter les terrains dont il est question, après quelques années ses associés n'y croyant plus lui ont vendu un A un leurs terrains, après quelques années il a enfin vu, tout seul, la concrétisation de son rêve. Que d'efforts, que de sacrifices, que d'abnégation.
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    2
    CHERCHI
    Mardi 7 Septembre 2021 à 15:46

    Rectification: Au départ de l'aventure, Emile BARNEOUD n'a pas ACHETE les terrains de Plan de Campagne. Il les a LOUES. Ce qui ne change rien à son génie. 

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