• Depuis le 30 juin 2011, le 66 boulevard Richard Lenoir dans le 11ème arrondissement à Paris ne répond plus. Du reste, avant cette date si les appels ne manquaient pas tous avaient la même origine. A la source de ce harcèlement téléphonique la plateforme du 115 mise à disposition des personnes en situations de détresse. Chargée d'orienter les individus en mal de logements, de soins, en grande difficulté social, les standardistes doivent jongler avec une offre de plus en plus retreinte.<o:p></o:p>

    Pierre angulaire du dispositif, véritable annuaire spécialisé le Guide de la préfecture de Paris signé par le Préfet Daniel Canepa propose une liste de toutes les structures d'accueil, de permanences comprise dans le dispositif d'aide. Classé par aire géographique, la rubrique dédiée au 11ème arrondissement propose l'un des seuls établissements disposant d'un hébergement pour une population féminine.<o:p></o:p>

    En détresse, cette jeune femme ne pourra pourtant pas profiter du centre d'hébergement d'urgence "Yves Garel", jouir de l'une des 38 places mise à disposition au sein de ce vaste bâtiment à l’allure de centre aéré urbain. Posé sur un terrain riverain au Boulevard Lenoir, les locaux d'accueil s'élancent sur quatre étages organisés en dortoir avec un réfectoire, des espaces dédiés aux permanences médicales.<o:p></o:p>

    A la faute de ce désespoir, la mise à la diète des organismes, des associations, des institutions publiques dépositaires des structures d'accueil visant les personnes ne disposant pas d'un domicile. Si tous les centres d'hébergement ne sont pas promis à la fermeture, la perte du seul refuge dédié aux femmes seules marque de l'abandon par pans entiers des populations reconnues comme les plus fragiles.<o:p></o:p>

    Signe des tensions dans le microcosme de l'hébergement social parisien, le redéploiement permanent des sites d'hébergement, les conflits occasionnés à l'occasion de ces mouvements à l'image de la rivalité en cours entre les mairies du 11ème et du 15ème arrondissement à propos de l'accueil des "95" naufragés des ruines du CHU "Yves Garel". Véritables répliques du tremblement de terre sociale initié au plus au niveau, les turbulences en cours dans les dispositifs d'aides aux plus démunis tendent à se mouvoir en un contexte permanent;<o:p></o:p>

    Inauguré le 5 juin 2000, le CHU "Yves Garel" aura tous juste eu le temps de fêter ses onze années d'existence, d'accueillir plus de 300 000 demandeurs que ses entrailles sont livrées à la démolition. <o:p></o:p>

    Since June 30, 2011, the 66 boulevard Richard Lenoir in the 11th arrondissement in Paris no longer meets. Moreover, before that date, if the calls did not all have the same origin. At the source of this telephone harassment is the platform of 115 made available to people in situations of distress. In charge of guiding individuals in need of housing, care, in great social difficulty, the operators have to juggle with an increasingly restricted offer. 

    Cornerstone of the system, a real specialized directory, the Guide of the Prefecture of Paris signed by the Prefect Daniel Canepa offers a list of all the reception structures, of permanences included in the aid system. Classified by geographical area, the section dedicated to the 11th arrondissement offers one of the only establishments with accommodation for a female population.

    In distress, this young woman will not be able to take advantage of the emergency shelter "Yves Garel", enjoy one of the 38 places available within this vast building with the appearance of an urban airy center. Set on a waterfront lot at Boulevard Lenoir, the reception rooms are spread over four floors organized in dormitory with a refectory, spaces dedicated to medical permanence. 

    At the fault of this despair, the diet of organizations, associations, public institutions depositories of reception structures aimed at people without a home. If not all shelters are promised at closure, the loss of the only shelter dedicated to women alone marks the abandonment by whole sections of the populations recognized as the most fragile. 

     Signs of tensions in the microcosm of Parisian social housing, the permanent redeployment of hosting sites, the conflicts occasioned on the occasion of these movements in the image of the ongoing rivalry between the town halls of the 11th and 15th arrondissement about the reception of the "95" shipwrecked of the ruins of the CHU "Yves Garel". Real replicas of the social earthquake initiated at the most level, the current turbulence in aid schemes for the most deprived tend to move in a permanent context.

    Inaugurated on June 5, 2000, the CHU "Yves Garel" will all have just had time to celebrate its eleven years of existence, to welcome more than 300,000 applicants that its entrails are delivered to demolition. 

     
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  • Juste un clic pour la barrière

     

    La place interne est vide en ce mois d'août. Sur cette dalle parking, peu de véhicules : les entreprises tournent en mode vacance. La rue adjacente, au-delà de la barrière mécanique reste encombrée de voitures. Les propriétaires sont tous pour l'heure dans les locaux de Pôle emplois. L'institution ne connaît pas de relâche pas plus qu'elle n'offre de stationnement à ses usagers. Peu loquaces, ces derniers patientent en rang d'oignons pour accéder à un unique double guichet.

    Comme sur la proue d'un bateau, les agents Pôle emplois affrontent La misère du monde. Dans l'attente, les visiteurs profitent des échanges, intériorisent le comportement de leurs compagnons d'infortunes. Comme devant une série, chacun y va de ses pensées traduites en un subtil jeu de regards. Ici, un homme commente la lenteur d'une usagère. Perdue, cette dernière cramponnée au comptoir semble glisser sur l'un des ponts du Titanic. En bon mousse, l'agent Pôle emplois tente en quelques minutes de reconstituer le parcours de cette naufrager, manipulant d'une main experte les quelques documents fournis.

    Comme dans un exercice d'alerte, les mousses enchaînent les cas d'espèce et leur lot d'incertitude. L'émotion doit rester contenue voir être annihilée par la somme des malheurs récités. Comme hermétique, l'attention de ces mousses est focalisée par le lourd choix d'orienter ou de non orienter les personnes vers l'une des cabines qui s'étalent en alvéoles tout au long de la vaste salle administrative. Placide, une femme est ravie d'avoir obtenue un rendez-vous particulier. Peu romantique, l'audience est annoncée par voie de numéros qui s'égrènent en luminescence sur un écran de lead.

     

    L'ordre juste : Mathématique

     

    Comme dans le salon TV d'une maison de retraite, les "invités" patientent devant ce programme pour le moins répétitif mais paradoxalement très interactif. Les visiteurs du jour, sauf à avoir été "convoqué," recherchent des informations, des solutions relatives à leur précaire statut de chômeur. Si la plupart des demandes ont trait au chômage indemnisé, le cas des chômeurs non indemnisés apparaît comme noyé dans cette masse. En ce sens, la fusion entre ANPE et ASSEDIC peut être envisagée comme une marchandisation poussée du phénomène de chômage.

    A l'appui, il s'agit de distinguer socialement le chômeur indemnisé de l'inactif, de placer les uns et les autres dans des institutions différentes. La mise en place du RSA sert ce choix au sens où cette initiative opère à une revalorisation sociale du rmiste tout en poussant les chômeurs de longue durée à sortir des chiffres officiels du chômage. Bien huilé, cette mécanique désocialise, désenchante les antennes de Pôle emplois.

    Certains usagers éconduits au double guichet sont invités à gérer leur situation depuis internet ou par le biais de la plateforme téléphonique. Impressionnant, cet outil propose un numéro unique à quatre chiffres au service des "inactifs et des actifs". Enchanté, l'usager voit dans son éviction du carnet de rendez-vous une véritable chance. En retrait sur le parking, ce dernier est déjà en ligne avec la plateforme. Une voie féminine, sensuelle confirme ; c'est bien Pôle emplois au téléphone.

     

    Un trip zéro huit en quatre chiffres

     

    Au diable le salon TV, vive la liberté du parking et les explications avec la hotline. Pour accéder au saint des saints, le choix téléphonique final, il faut montrer patte blanche. Les numéros d'identifiant personnel sont requis ainsi que le précieux codes secret associés. A la suite, cet usager en règle profite du choix final : "il s'agit d'être perspicace pour enfin parler avec l'un de ces super conseiller". "Pour une inscription dites "inscription", pour une offre d'emplois dites "emplois", pour une indemnisation dites 'indemnisation"" jusqu'au choix final : "enfin pour un recours sur radiation dites "radiation". "Indemnisation". "Vous n'avez pas de paiement à venir". Cette conversation robotique est terminée. Dépité, l'usager retentera sa chance demain plus attentif au spectacle dans la queue du double guichet.

    Dès le lendemain, bien propre, l'agence de Pôle emplois à la barrière fermée attend notre usager ragaillardi d'être parmi les premiers à l'ouverture. En somme une journée dewinner. Bien à propos, une ancienne ANPE "¨Pont de l'Arc" lit l'espoir dans les yeux de Jean Luc. Impuissante cette dernière regagne à la hâte une des alvéoles de travail. En chance et combatif, Jean Luc profite de la salle de TV en serrant dans ses petites mains le cent trente-huit. L'écran affiche pour l'heure le cent trente-six. Comme chez un médecin, l'attente est d'un monotone silencieux. Odette qui repasse vers une pause-café se souvient nostalgique de l'ancienne agence ANPE Brossolette.

     

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    L'ouverture du rideau métallique avec les collègues : toujours les mêmes. Quelques chômeurs habitués, des lèves tôt déjà assis dans l'espace documentation, sorte de CDI aux allures aussi bien anachronique que désuète. Dans la rêverie d'Odette il n'y a pas de fauteuil linéaire antisocial mais des tables rondes qui prêtent à la conversation. Les bureaux ne sont pas des alvéoles mais communiquent. Dans la dernière gorgée de café, Jean Bernard son ancien collègue est tout proche espiègle sur son fauteuil à roulette. Mortel, le retour à la réalité, Odette repasse et pénètre dans l'alvéole numéro 6. Au tableau, s'affiche le cent trente-huit avec un fléchons puis le chiffres 6.

     

    Un saint Bernard bigrement nostalgique

     

    Jean Luc se réveille tel Thémis délivrée par Ulysse, distingué, il se dirige vers l'alvéole ou déjà les diodes ne clignotent plus. "Serait-il trop tard ?".¨Poussant la porte Jean Luc découvre Odette, encore empêtrée dans le système d'admission des personnes. Plutôt barbare, le concept contrôle le très puissant tableau de lead aux numéros. Stoïque, le chômeur 600965R patiente tel l'élève à sa punition. De punition, Odette présente son "bureau trop moderne, qui va jusqu'à rendre les gens invisibles". Peu loquace, Jean Luc écoute cette comédie sociale.

    Dans une tirade gracile, Odette annonce la couleur évoquant son faible pouvoir dans l'institution. Très vite, l'ordinateur est l'interface de partage où déjà Jean Luc revis à découvrir son profil dans le serveur interne. Le diagnostic de radiation est bien confirmé par Odette qui est déjà à l'œuvre pour trouver une astuce. Comme un mécanicien, ce saint Bernard d'Odette regarde, explore, innove sur son clavier cherchant à désactiver le mécanisme de radiation. Ses tentatives sont vaines, Odette regrette les bons tuyaux de Jean Bernard. Au loin, les abeilles sont à l’œuvre dans les alvéoles, un soupir, Jean Luc devra se réinscrire.


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    Au bout du chemin, en fin de sentier, enfouie : une ancienne campagne pour marseillais en vacance. En 1880, l'homme tiens à jouir en famille d'un lieu de villégiature, les kilomètres entre Marseille et Aix représentent encore des heures et sont le gage d'un dépaysement franc. Fort de trois pièces, élevé d'un étage, ce mazet déserté de longue date est comme le calque de toutes ses vacances passées, de ces veillées à la lueur des étoiles, de ses câlins fou avec les bruits éparses de la nuit.
     
     
     
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  • Le strapontin mental

     

    Comme un énième refrain, la pièce de théâtre touche à sa fin. Dans l'assistance, les spectateurs commencent à se libérer progressivement de l'étreinte du spectacle. C'est l'instant T pour qui voudrait échanger bien à propos de l'expérience vécue.

    En bon professionnel, quelques bourgeois assidus au long cours ont déjà quitté les murs de l'édifice théâtral pour restituer autour d'une coupe toute la puissance de la séance. Penaud, un jeune tente d'expliquer son ressentie à un élément moins novice. Inconscient, ce dernier n'hésite pas à envisager des comparaisons puis fougueux, de confiner dans un courant artistiques les textes, selon lui bien plus joués que récités.

    Alain encaisse sans sourciller réalisant combien ses craintes de tantôt étaient justifiées. Dans l'après-midi, Alain s'était résolue à aller au théâtre. Avec appréhension, il avait envisagé le moment de l'après, cette gêne du débutant : un enfant dans un monde d'adulte. Déjà durant la maigre queue, formée au moment des entrées, Alain feignait de n'entendre dans les conversations qu'un dialecte fort classique.

    A l'opposé, chacun des noms prononcés par son voisin lui étaient étranger, une vague idée d'une origine polonaise ici, un mot qui sonne anglais par là. En somme, son ignorance était comme révélée au grand jour et avec celle-ci l'immense temps à rattraper pour espérer un jour en être. Plus calme, un homme est présent à toutes les représentations à condition que le spectacle change. Dans la quarantaine, l'homme paraît jovial, remarquable par ses penchants photographiques.

     

    L'homme en haut de la salle

     

    A l'appui un bel appareil photo pend en bandoulière : sa place au spectacle est toujours de premier choix. Lancé dans un parcours d'ascension sociale particulièrement prémédité, le voisin de Paul tend à devenir un habitué des lieux de diffusion d'un certain type de culture. Loin de juger les programmes pour le moins éclectique des théâtres, Jean y voit bien plus un moyen. Or de contrôle, le comportement de l'homme l'appareil photos captive bien plus l'attention de Jean que la tentative d'échange d'Alain.

    Sans chercher à éliminer la concurrence, Jean n'entend pas s'afficher avec ce novice. En balcon, une grande dame semble comme sortie d'une baignade d'été. Gracile, la dame du balcon rayonne. Avide, Alain observe la trame de l'émotion, l'ébullition du trouble. En haut, l'homme à l'appareil photo est déjà parti, en silence. La conquête de la sensibilité sera probablement moins aisée que celle des connaissances. Confus, Alain peine à ressentir.

     


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