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Par meliflore le 19 Avril 2010 à 23:20
Pour certains visiteurs du Pays d'Aix, l'entrée en principauté se fait de façon autoritaire : par la grande porte ferrée de la Maison d'Arrêt de Luynes. L'édifice carcéral accueille en effet une bonne proportion des prévenus et condamnés par les soins des différents tribunaux aixois. Le quartier de la prison est à l'origine plutôt à vocation agricole, dépeignant une perspective forte en contraste, du gris des miradors au vert des pâturages.
Aux champs parfois semés de maïs, de blés, ont succédé des entrepôts, des ateliers, des bureaux comme une suite logique mais inachevée de la Zone d'Activités d'Aix-les-Milles. A la façon de la Maison d'arrêt d'Avignon, le Centre de détention a vocation à devenir un simple élément d'une zone d'activité. Dans les deux cités provençales, les prisonniers ont été poussé hors du Centre-ville libérant à Avignon un vaste espace à l'aplomb du Palais des Papes - en dessous du Jardin des Dons - et à Aix-en-Provence la place de l'actuelle Cours d'appel.
Les lieux de la relégation faient de pierres comme des forteresses, livrés à l'hire des passants se sont mue en structures qui détonnent par leur inhumanité. Au Pontet, la Maison d'arrêt d'Avignon jouxte les magasins de bricolages, les parkings de supermarchés, là ou le visiteurs croisent les jet-seter du centre commercial. "A Luynes", les riverains sont plutôt d'ordre tertiaires, l'aire de référence est plus de travail que de loisir. De l'autre côté de la Route, l'un des rares cimetières militaires de la région en impose avec ses carrés de tombes d'un entretien clinique. Au bord de la route, qui depuis Les Trois Pigeons traverse la Zone d'Aix-les-Milles de part en part, quelques voitures sont stationnées. Le commercial relie ses fiches produits avant l'exercice, l'interim déjeune au calme.
A l'heure actuelle, des champs bordent la Maison d'arrêt en attendant le chantier puis l'ouverture du Centre sportif propriété de Zinédine Zidane qui du reste promet d'être un repère du milieu sportif d'Aix et de Navarre. Un vent, une dynamique souffle sur ce bout longtemps relégué de la Zone, exhumé tout récemment par la Commune de son statut de Zone agricole vers le significatif statut de ZAC - 126 300 m2 bâtie envisagé . En proie à la convoitise, les champs abandonnés, les ruines nombreuses qui se développent depuis les bords du rond-point d'accès à l'autoroute aux abords de la Maison d'arrêt.
Jadis, un terrain d'aviation dit "de l'Enfant" agayait le quartier de la folie des pionniers des airs. En promenade, le format de friche sié au secteur dès lors que l'on quitte la voie principale. Furtive mais ponctuelle, une rencontre gay s'organise sur les flancs d'une ferme décomposée tandis qu'au loin, alors que la nuit vient les feux de Luynes s'allument mécaniques. De l'autre côté de la route quelques animaux s'expriment. Ces derniers ne sont plus tout à fait de basse cour plus tout à fait apprivoisés, ils sont comme des mutants : perdus entre l'arrêt du progrès urbanistique vécu et sa reprise actuelle.
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Par meliflore le 6 Avril 2010 à 22:54
Tandis que l'hiver passe, le temps des agapes en plein air arrive à grands pas. En sus des traditionnels aïolis, du mariage programmé dans l'été, les teuffeurs - amateurs de musiques electroniques - préparent leurs camions depuis leurs bases hivernales. Ces grands amoureux de l'automobile utilitaire mêlent dans cet exercice passion pour leur maison mobile et impératif de déplacement. A l'appuis, depuis quelques temps un jeune couple dans la vingtaine patiente dans le froid avant de reprendre la route.
Car en vérandaPour eux le cadre de résidence hivernale est comme un camping sauvage aux portes d'Aix-en-Provence. Sur une vaste dalle posée au bord de l'Arc - qui fut un temps destinée à accueillir un parking de supermarché - une dizaine de camions, de voitures et un improbable car décharné se partagent l'espace.
Entre Mad-Max et Robinson, les habitants aménagent ici une terrasse, creusent là-bas une fosse d'aisance. Plus loin dans le paysage, à quelques encablure du Château Noir, une autre "unité Spirale" goute à l'agréable torpeur de l'habitat éparse typique du Tholonet. Installés autour d'une maison marquée par l'abandon depuis quelques années, les jeunes ont su s'imposer auprès du propriétaire qui contre de menus travaux, notamment de toiture, acceptent de valider l'étrange camping encore quelques mois.
A bien y regarder, l'ensemble de véhicules pousser au fond du terrain apportent des couleurs, de la vie à un quartier devenu résidentiel, temporaire. Du côté de Meyreuil dans un cadre tout aussi idyllique, un autre groupe de ces néo-nomades jouit du prêt d'un cabanon en bois ainsi que du précieux terrain qui l'entoure. Comme une parenthèse sur cet axe forestier, l'installation donne des airs de camping au site. Ces nouveaux nomades proposent de nouvelles formes d'occupation de l'espae directement héritées des dispositifs mis en place pour organiser les free-party. En effet, il s'agit d'agencer un espace inconnu mais dont les caractéristiques représentent a priori des valeurs de sécurité pour le groupe. Si dans le cas des soirées l'installation est furtive mais intense, les termes de ces nouveaux squats s'inscrivent dans la durée et le plus souvent dans un effort consentit d'adaptation.
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Pour les propriétaires de biens susceptibles d'intéresser ce type de population, la surprise est souvent le premier ressentit constatant la présence de ces invités pour le moins inattendus. Passé les heurts du contact, le choix de l'expulsion pure et simple des intrus est souvent arrêté mais ce n'est plus toujours le cas. En effet, la sélection des "cibles" est guidée par des critères particuliers, notamment celui de la tranquilité. Par là, les sites retenus offrent la plupart du temps peu d'intérêts pour le citadin au mode de vie classique, peu de perspectives pour le squatter repentis.
Comme un pack de service locatif, la charte d'une copropriété, le mode de vie évoqué procure son lot d'avantages comme son lot d'inconvénients. Les acteurs de ces programmes se conforment à une vie nécessairement collective dans la mesure où seul le poid, la force d'une occupation permanente peu conduire à la pérennité de l'habitat. En outre, si certaines prestations comme l'electricité ou l'eau peuvent être parfois disponibles gratuitement en retour, le cadre de vie ne produira aucune propriété structurante d'un point de vue sociétale. Nulle facture, nulle quittance de loyer, même l'adresse est celle d'un autre.
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Depuis leur rêve premier et comme pour le conserver un équilibre doit en permanence être maintenu entre confort de l'éxotisme et tentation du conformisme. Il s'agit pour ces néo-ruraux du troisième type d'assumer un va-et-viens de qualité entre nature et urbanité afin de ne pas s'enfermer, comme leurs ainés, dans l'austérité d'un rêve devenu par sa perfection par trop étriqué.
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Par meliflore le 21 Décembre 2009 à 12:47
La visite du pays d'Aix-en-Provence comprend nécessairement une visite des secteurs de Puyricard, Venelle, Meyrargues ou encore de celui de Peyrolles. L'accès se fait de façon général par l'autoroute A51 dont le point de départ symbolique se situe à hauteur de la caserrne de pompiers d'Aix-en-Provence nommée La Chevalière. Les chevaliers du feu sont installés dans la zone depuis une trentaine d'année et jouissent d'un positionnement idéal pour des interventions à tout endroits dans la ville. Le quartier de la Chevalière relève d'une grande impasse borné d'une part par l'autoroute et d'autre part par le Vallon de Bagnol. Côté autoroute on remarquera au flan de la nouvelle aire de lavage auto une imposante bâtisse abandonnée de longue date et mûrée depuis environs deux ans.
L'autoroute se poursuit par une courbe bien connue des véhicules prioritaires et maintes fois nommées dans les rapports d'accidents. Un garage spécialisé dans les véhicules tout-terrain est à présent caché derrière une imposante rangée de béton qui assure une protection efficace contre tous ces véhicules poussés hors de la route. Plus loin, la petite sortie Puyricard déssert aussi un retour sur Aix-en-Provence à l'aplomb du célèbre site gaulois d'Entremont. Revenons sur l'autoroute pour passer devant une aire de service pitoyable qui n'est rien de plus qu'une contre-allée avec une pauvre borne SOS le plus souvent vendalisée. Plus loin, une sortie annonce Saint Donnat, on remarquera sur la droite de la sortie une mini-base DDE destinée à recevoir les stocks de sel hivernaux. Cette isthme en bord de chaussée marque l'empreinte de l'autoroute au-delà de son simple tracé tout comme cette maison, un peu plus loin sur la droite qui flotte telle un bateau fantôme.
La demeure est comme collée à l'autoroute et seul le grillage réglementaire marque le sens des deux espaces. La construction de l'édifice remonte aux années 1930/1940 avec un bâti sur deux niveaux : le bas étant reservé au garage, aux ateliers et le haut à l'habitation. Au devant un jolie escalier permet l'accès depuis le jardin qui est vaste et arborhé de platanes cinquantenaires. Au dehors le mobilier de jardin est fantastique et permet une lecture inédite des rebus de l'autoroute. En effet, des tertres de détritus d'origine routière sont disposés et donnent au lieu un caractère lunaire. Les agents DDE ont fait de cette demeure une base arrière, un lieu pour le stockage des objets errants sur les chaussées, un abris pour les véhicules de services les moins usités. A cela s'ajoute un large assortiment de mobilier routier mise au rebut et dont les flêches, les signaux n'indiqueront plus jamais rien.
Un temps un hors-bord ravagé par sa chutte à grande vitesse a encombré le devant du beau portail qui à l'origine autorisait une sortie par l'autoroute. L'intérieur de la demeure à souffert des maux classiques de maisons qui laissées sans maitre qui promisent à un asservissement routier. On devine un interieur spacieux et confortable avec au sol de jolies fresques posées sur des carreaux ciments. Côté autoroute un balcon domine, clôt en l'une de ses faces par un vitrage qui tagué apparait fort bien depuis l'autoroute. Plus loin sur l'autoroute la sortie Les Platannes puis Venelles et enfin Meyrargues...
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