Une visite d'aix-en-provence et de sa région pleine de surprise et 100% inédite; mais aussi des articles de fond sur des sujets qui Vous concerne...
En terme de maisons abandonnées beaucoup de variétés existent avec des sites qui marquent les esprits.
Si la fonction, l'ancienne vocation d'un lieu en déshérence offre cette folie que chacun attend il est aussi des histoires
qui restent a jamais engrammées par ceux qui en ont été les témoins.
Ainsi, le collectionneur intrigue, surprend, innove.
Comme un autre, le collectionneur poursuit un but mais tel l'artiste, son dessin absorbe au final toute sa vie.
Le collectionneur de maisons abandonnées est actif depuis une trentaine d'années multipliant dans cette tranche de temps
ses œuvres qui ne peuvent qu'interpeler.
Pour comprendre, revenons à l'enfance de cet homme qui, en quelque sorte, à hérité de son père une grande passion pour la récupération.
Au confins des générations, celui qui est aujourd'hui soixantenaire s'active pour glaner ça et là les objets qui trainent.
Par là, retrouve-t-on dans la maison engoncés dans les bois les trésors du collectionneur.
Il y a là une dizaine d'années de remuglage, tout un fatras entassé dans le jardin qui s'offre en un labyrinthe fait d'éléments
dégradés par le temps. Comme ce bon vieux Diogène, les objets transportés à la maison n'en ressortiront jamais.
Ainsi se mêle donc objets nobles et bouteilles, meubles de style et briques de polystyrène.
Dans ce mélange artistique, l'effet du temps est comme un nuancier qui a l'infini redessine les contours de ces amas hétéroclites.
Ainsi, en cette fin des années 1980, le collectionneur s'affaire t-il jour après jour à remplir la demeure dont il est par ailleurs
le propriétaire en titre. Se faisant, la place réservée au logis devient de plus en plus restreinte.
Si le bâtiment est de qualité et d'une surface convenable, la vie y est rude.
C'est à la rivière en contrebas que le collectionneur doit aller puiser l'eau depuis que la vieille moto pompe a rendu l'âme.
Sans voisin ni passage le temps y est comme arrêté.
Le soir pour trouver le sommeil, le collectionneur lis, parcoure, explore les quelques papiers qu'il a put ramasser.
Un bulletin scolaire très mauvais d'un gamin, des tracts publicitaires lus sous la varangue dont le sol n'est plus visible.
Bientôt les pièces du fonds sont pleines, l'œuvre prend forme.
Le collectionneur ne tolère aucune mise en scène, le rangement est par là proscrit.
La vieille Lada du père fait partie de cet ensemble. Rouillée et pleine d'objets mues en ordures, la berline ne bougera plus jamais.
Enfin, le collectionneur pousse la porte puis part pour ne jamais y revenir.
La Renardière livrée au temps qui passe enfin seule.
Le collectionneur n'est pas pour autant rassasié, déjà fuse les contours de sa prochaine création.
Celle-ci sera encrée dans un contexte totalement différent, celui d'une ville du sud de la France.
Bientôt le choix du collectionneur est arrêté : ce sera une coquette maison de lotissement bâtie dans les années trente.
Le jour de la visite, le collectionneur est déjà conquis. Tandis que les propriétaires, vendeurs, lui font l'article, ventant
l'agréable jardin, lui voit des tas d'ordures, organise la logistique à mettre en œuvre.
L'affaire conclue, le collectionneur se met tout de suite en action. Mais l'isolement intense de la Renardière lui permettait
de n'être que très peu confronté au jugement social de ses pères.
Dans le petit lotissement, les habitants épient ce nouveau qui fouifouine dans les ordures, qui récupère le moindre encombrant.
Bien encré dans la cinquantaine, le collectionneur peine à tirer un frigo qui racle, souffrance métallique sur le trottoir.
Comme à la Renardière, l'espace intérieur est rempli en priorité.
Le matériau de l'œuvre n'est pas de la même qualité que celui utilisé à la Renardière.
Dans cet univers rural, part grande était faite aux morceaux de bois divers, aux objets anciens glanées dans les fermes abandonnées alentours.
En bon fouineur, le collectionneur courrait la campagne débusquant sous une ronce la vieille porte de voiture,
au fond du puit le bon sceau rouillé.
A la ville, c'est en véhicule que le collectionneur fait sa tournée. Au fil des mois, des années : il l'a connait bien sa tournée.
Chaque rue de son quartier est cartographiée, sectorisée pour dessiner un parcours qui se finit invariablement de façon
identique. Le collectionneur rentre enfin dans sa rue, il jubile, bientôt ce sera la curée.
Il gare son petit utilitaire devant sa maison. Puis péniblement pousse le portail alourdi par des sacs d'ordures plantés sur
ses piques. Sous le regard des voisins, cachés derrières leurs rideaux, le collectionneur expose ses nouveaux trésors.
C'est alors le spectacle tandis que la camionnette pleine est vidée sur le trottoir. Un tricycle sans roue semble être au centre
de toute les attentions. Il finit perché en haut de ce qui a dut être une colonne de décoration asservie au portail.
Outre cette relique enfantine, ce sont surtout des sacs poubelles qui sont entassés.
Très vite le tout est jeté derrière le portail qui se referme : le spectacle est alors terminé.
Déjà plus de dix ans à la ville pour que la maison soit pleine à ne plus pouvoir y rentrer.
La rupture est moins franche que pour la Renardière.
La villa à la ville est livrée au temps mais jouie encore de quelques retouches posées par touches par le collectionneur.
Avec son utilitaire, il reviens parfois jeter un ou deux sacs d'ordures par dessus le portail.
Quelque part, le collectionneur est au travail promettant à sa toute nouvelle demeure d'être la plus parfaite parmi
les répliques précédentes.
Vous ne verrez pas l'œuvre n°2 et 3 pour des raisons de confidentialité
La Renardière
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