Une visite d'aix-en-provence et de sa région pleine de surprise et 100% inédite; mais aussi des articles de fond sur des sujets qui Vous concerne...
A l'écart, en limite du territoire aixois, ce cabanon fait bien de la peine avec son petit toit tout effondré, ses murs endoloris, ses effets jetés en tertres à la ravine.
Presque invisible bien que proche d'un chemin de desserte, ce cabanon modeste devient ruine au fil des années.
Si bien des fois, l'abandon pure et simple des lieux par leurs maîtres est cause de grand désordre, dans ce cas d'espèce, il n'en n'est rien.
Aux origines, à la toute fin du XIXème siècle, la parcelle est une terre vierge, l'étage le plus élevé d'une pente très raide dont seul quelques dizaines de mètres
ont pût être aménagés en bancaous. Ces terrasses de cultures étaient organisées sur la moindre pente pourvu qu'elle soie, un temps soit peu, douce.
Au-delà de la période romaine, l'apogée de cette pratique intervient entre le XIVème et le XVème siècle.
Du côté de Meyreuil, se sont les ordres religieux qui s'appliquent à façonner en terres arables celles que le vocable définissaient jusqu'alors comme "terre gaste".
Quant les moines de Saint-Victor assèchent les marais des Alpilles, se sont des femmes dîtes "Dames de Meyreuil" qui se chargent d'eppierrer,
de niveler les hautes terres de Meyreuil.
L'emplacement du cabanon est donc le fruit de ce gigantesque travail de valorisation de ces collines aixoises.
Bien après, le nommé Gras découvrant ce terrain étroit mais dominant, ombragé mais dégagé y édifie un cabanon dédié aux joies dominicales de la famille
domiciliée en ville. En ce début du vingtième siècle, la route était longue depuis les sirènes de la ville jusqu'au paradis du cabanon.
Gravé dans le béton scelant le pignon du toit, la date 1889 rappelle cette époque tandis que l'allure en reste du rêve de Mr Gras en évoque une autre.
Il s'agit du "grand incendie" de 1979 à l'occasion duquel l'édifice fut grandement endommagé par les lances à incendie des pompiers qui,
très puissantes soulevèrent le toit, expulsèrent en tertres les quelques effets qui rouillent à présent dans la ravine.