• DES INFORTUNES LIBRES AUX PATIENTS - 4/5

    Depuis les repas champêtres de la jeune Christine, jusqu'au recueil contemporain de son récit, sa demeure a peu changée seul l'abscence du saule frappe les esprits. L'arbre n'a pas survécu aux départs progressifs des habitants du bidonville voisin. La source curée en permanence ne diffuse plus qu'un mince filet d'eau et le mur qui l'étreint se perd dans la verdure. Du reste, le fond du jardin est soirée après soirée d'un silence profond. Ni rires, ni chuchotements : ces dames sont toutes parties. Le domaine "des Bornes-Malouesses" destiné à être livré en qualité de polyclinique a progessivement cessé d'être un lieu de rassemblement pour les indigeants depourvus de logement. Peu à peu les maisons de fortune sont redevenues des tas de matériaux rendant à l'édifice historique sa position centrale.

    Bien plus tard, Il y eu des visites en lien avec l'actualité du site en terme immobilier. Ces visiteurs ne sont ni cyclistes ni engagés dans une ballade romantique. Ce sont les ambassadeurs, les premiers éléments du dispositif prévu pour le site. La Provence relève dans un article récent à propos du projet des "Trois cliniques aixoises" l'acquisition par le consortium médical de 10 hectares de terrain au lieu-dit "Les Bornes". Cette transaction signifie d'une ère nouvelle pour la propriété. Si la fonction de bidonville a consitué un temps - compris entre 1950 et 1980 - le gros de l'activité, celle-ci était depuis une vingtaine d'années moins importante, plus diffuse.

    L'aménagement en terrain de vélo-cross du plateau dominant des Bornes a bien fourni un nombre significatif et régulier de visiteurs. Cette entreprise relève du volontariat, de la mobilisation de quelques jeunes ou moins jeunes passionnés de vélo qui ont sculpté le terrain en bosses, en obstacles, en pistes dans le cadre dodu et romantique de la déserhence. En bas, Philippe, un ermite moderne, assure une continuation de la tradition d'habitats autonomes aux Bornes. Les douze années passée à apprivoiser le site confère à Philippe les traits du gardien. Comme en exercice, ce dernier n'hésite pas à empêcher un largage de déchêts ou à refouler un requêrant trop encombrant. La vigileance de Philippe est comme un sacerdosse, entre volonté de protéger le site et souhait de conserver le calme acquit.

    Au portail de la propriété qui se résume en une barrière métalique posée là il y à quelques années, il n'y a pas foule. Seul quelques téméraires tentent l'ascension lorsque le cadenas n'est pas enclanché. Parfois le but est l'installation fondée sur un ouî-dire de tranquilité, les souvenirs d'une expédition nocturne. Las, Philippe tente une sélection et accorde parfois sa confiance : l'hospitalité. En principe, cette disposition est reservée aux chiens receuillis au gré du temps sauf pour ce couple qui grelotant insiste pour introduire leur modeste caravanne. A bout, l'habitation ne pourra pas aller beaucoup plus loin. Quelques mois passent puis le convoi se vide, le couple a repris la route à la force des pieds.

    En marge, la végétation progresse par ici , brûle par là. Les surfaces boisées des flancs qui montent en collines sont jonchées de cîmes dans tous leur état. Du beau pin vigoureux à l'arbre pétrifié, des coquelicots en grapes aux ronciers déjantés chacun exercent au mieux sa puissance. L'homme reste ici un simple passager dont les marques sont happées par des végétaux : les spécialistes. En fond de propriété au coeur des bois, la cabane de l'Irlandais faite de bric et de broque et à peine visible. La cheminée du poële seule pointe au travers des plantes tandis que le jardinet de l'anglais est devenu adulte.


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