• LA FIN DE LEURS TEMPS : ENTRE RÊVES ET SOUVENIRS

    Et si d'une semaine à l'autre tout foutait le camp. Mais quel part de ce tout ? Il ne s'agit pas d'évoquer des régions alpines devenues arides ou une Côte d'Azur submergées par ses eaux, mais plutôt la fin programmée ou actée d'éléments, d'institutions qui par leur grandeur s'imposaient à chacun. De ce lien entre les individus et cette sorte d'entités on retiendra le compromis établi quant aux fonctions, aux attributions de ces dernières. Ainsi, l'hôpital représente une forme de présence constante, d'institution permanente au sein de laquelle certains assisteront au premier comme au dernier jour de leur vie. Mais quand est-il de cette constance à l'heure ou le tissu des savoir-faire exercé dans les établissements de santé publique sont vendus à la découpe ? A cet effet, le patient relèvera peut être la fraicheur de l'insigne du vigile qui veille. Du gardiennage au nettoyage des locaux, les tâches organisées en services, font de plus en plus l'objet d'appel d'offre. Ainsi, de nouvelles possibilités s'offrent aux directeurs d'hôpitaux pour réduire la voilure, l'empreinte de leurs établissements.<o:p></o:p>

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    La réception, l'aiguillage des individus, par exemple, est un service réputé externalisable, potentiellement à confier en gérance à une entreprise privée. La guerre des cantines avait un temps animé ce champ dont la surface pourrait être comprise comme l'aire ou se produit des frottements entre les institutions de référence universelle et les entités communes. En un sens, la fin d'une institution géante historique signifie la naissance d'entités visibles dans une dimension uniquement utilitaire, intime. La cantinière de la mairie Josette, outre son grade de super-mamy représentait une forme d'attention universelle, de ces nounous d'état seulement imaginable dans les comtes devenus anciens : les rêves nostalgiques. La transition avec Bernadette de chez Sodexho mais du même âge, ne se fit pas sans un flot de larmes. Consentit par les parents, les gouttes salées jouissaient à la croissance des fils, des filles, des yeux ridés de ce témoin qui louché après louché à produit ces miracles. Avec Bernadette, le service continue, la table d'un jaune ciré reste la dominante dans ce petit réfectoire lové en demi-lune.<o:p></o:p>

    Pourtant aux fourneaux, l'équipe des cantinières n'est plus. Josseline, ne met plus la main à la pâte. Tout compte fait se dit Bernadette : "ce n’est pas plus mal d'être toute seule". Nul doute que depuis cette solitude ne viendra bientôt le goût de quitter la tâche au plus vite. La couche de vernis, souvent dénoncée et diagnostiquée comme "à dissoudre", épice du profil de ces fonctionnaires comme des coquelets en pâte dans leur petite communauté, était à n'en point douter une protection intéressante pour la société contre le désenchantement. Plus tard dans la journée, la voiture de Josette ne démarre finalement plus : l'assistance contractée auprès de son assurance fera des merveilles. Bien avant sur cette même pente, la vielle 4L de Josette s'était mainte fois refusée, pour autant les gars de la mairie rendaient leurs ces incidents. Sans complexe, l'auto, administrativement ressortissante mairie était remise sur patte. Voici une belle côquelette bien entourée.<o:p></o:p>

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    Plus loin, à côté du grillage, taillé à des dimensions d'enfants, les cris sourds du pré-haut ne siés pas aux nouveaux voisins : ce ne sont pas des professionnels. Ils sont de simples individus ayant élus domicile dans les trois maisonnettes contigües au grillage. "Chez les maîtres" pourront à l'occasion dire les quelques anciens écoliers du haut de leurs années. L'îlot entre rêves et souvenirs, bien à partager n'est plus. Sans avoir perdu de ses formes, de son esthétique, tout le sacré a disparu. En face, à l'hôpital, le vigile est partit lorsque la lumière fut. Sa présence n'apparait plus nécessaire dans la mesure où le parking de l'établissement est lui-même gardé par un collègue. Parfois, la question de l'avant se pose en congratulations pour ce type de progrès. Mais comment faisaient-ils avant avec toutes ces bureaucraties, tous ces fonctionnaires embaumés dans leurs avantages ?


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