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RD60a : Barrage Bunker et Bourrins
Alors que certains luttent pour la rénovation d'un clocher, fédèrent autour de l'extension d'un parc, militent pour de nouveaux parkings, d'autres font société autour d'une route. Véritable élément urbain, la route n'en est pas moins matériel social avec cette propension à rassembler ceux qui en sont les plus proches.
Pour eux, les débats s'organisent souvent autour des mots trafic, asphalte ou encore doublement. La RD60a qui relie les arrières de Plan de Campagne au village des Pennes Mirabeau n'échappe pas à ce contexte. Là-bas ont est à Cabriès mais tellement plus près du monstre commercial Plan de Campagne. Une frange de forêt épaisse, au relief tourmenté sépare la RD tout au long des centaines d'enseignes installées en contre-bas dans la zone commerciale.
La fréquentation de plus en plus forte de l'axe routier inquiète la quarantaine de riverains. Ici ont craint un doublement de la chaussée, plus loin on peste contre la possible transformation d'une voie forestière en passage vers le Plan de Campagne.
Cette ébullition routière permanente avec ses accidents, ses pannes ressort comme un élément de base du quartier aussi toxique que bénéfique. La centaines d'habitants disséminés dans une quarantaine d'habitations est peu visible. Il s'agit de petits hameaux, souvent familiaux, établis aux portes du massif forestier. Quelques maisons de gardiens notamment asservies au complexe de la Société Marseillaise de Course complètent la population.
Implanté en bordure de la départementale sur plus de 800 hectares, le site équestre affiche un superbe anneau de course visible depuis la route. Plus loin un dépôt de caravanes assure l'hivernage de ses véhicules. La ferme de l'Arbois qui fut édifiée en 1937, poursuit le paysage : un endroit totalement abandonné mais sous bonne garde.
Très vaste, cette propriété qui s'étend depuis la Gare Aix TGV fut asservie en qualité de camp de prisonnier par l'Armée américaine à partir de 1944 - voir notre article (ici). Jouxtant la voie TGV, cette immense domaine reste la propriété de la famille Gianotti qui l'a mise en domaine. Actuellement le site est en partie concédé à une société de chasse.
De l'autre côté de la route, une propriété discrète fait la une de l'actualité du quartier. La société EPC propriétaire du site depuis 1920, construit un nouveau bâtiment sobrement dénommé "E" : c'est le quatrième édifice après les A,B,C et D.
Très bien protégés, les 5 "bâtiments lettres" sont posés sur les 20 hectares du site à bonne distance. Il s'agit d'éviter la propagation en cas d'explosion. Cette société qui fut d'abord représentée sous le terme Nitro Bickford - elle même issue de la fusion des sociétés Nitro-Chimie et Davey Bickford - est en effet spécialisée dans la fabrication de produits explosifs notamment à destination des mines et carrières ou pour le creusement de tunnels sous-terrains.
La base de "Baume Barragne" est l'un des 16 points de distribution des produits qui eux sont fabriqués sur le site historique de Saint Martin de Crau. Les riverains de la RD peuvent dormir tranquilles. Tout juste seront ils parfois réveillés pour participer à l'élaboration du PPRT - plan de prévention des risques technologiques. La construction de "E" ressort précisément de cette convention élaborée entre les différents partenaires collectivités locales, riverains et administrations spécialisées, il s'agit de réduire l'intensité d'une éventuelle explosion en délestant les "bunkers" existants pour cette nouvelle unité.
En contre-bas du site, dans le Vallon de "Baume Barragne" coulent les eaux venues du Réaltor, ultime collecte pour la ville de Marseille des eaux de la Durance. Or ces dernière années, les enjeux autour du petit barrage se sont intensifiés notamment autour de sa maintenance et de sa dépollution.
liens
un article du blogueur Alain Peynichou sur les travaux au barrage de Baume de Barragne
un très bon article de la Marseillaise sur EPC à Cabriès
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