• UN JOLI SAULE PLEUREUR - 3/5

    Le spectacle qui s'offrait à elle était de taille. Une dizaine de femmes se tenaient là à quelques mètres dans la forêt. Un parfum délicat de lessive mêlé aux senteurs des bois donnait au lieu un caractère unique. Les femmes étaient groupées en demi-cercle autour d'une petite mare. "Ma cousine mais tu es toute mouillée !" et pour cause, à terre l'eau suintait depuis la source pour finir en mille ruisselets au pied de nos chênes.

    De retour à la maison, le repas fût animé par le récit des filles : leurs exploits dans la forêt et au bout du compte ce qu'elles avaient vue. A la fin des années 1960, l'intrépide Christine et sa jeune cousine avaient fait connaissance de ces voisins très spéciaux dont on ignore les prénoms et dont on nie parfois jusqu'à l'existence. Pourtant, juste à côté sur le terrain des Maloueses, "les autres" étaient bien là.

    Venus, qui d'Algérie, qui depuis le Maroc pour travailler en France, pour alimenter nos villes en ouvriers, nos campagnes en "hommes à tout faire des champs". A l'arrivée, une fois de plus c'est le désert, la friche, tout est abandonné. De toutes façon "pour vous il n'y a que ça", que cette campagne qui parrait-il fut un temps terre d'Eglise. Ce n'est pas le pire des enfers au moins avec un trait de romantisme, un très bon trait même.

    Les hommes à l'arrivée s'affairent à édifier des cabanes, elles sont faites de materiaux récupérés. On retrouve déjà des bons vieux parpaings qui conviennent aussi bien à rendre un lieu habitable qu'à le condanner défintivement. Les cabanes sont disposées sur le plat du terrain, ce sont comme des dizaines de sattelites autour de la demeure historique sise sur le grand domaine. Des origines de cette demeure bourgeoise, à l'heure actuelle personne ne sais ou ne dit rien. Le simple constat est l'abscence de tout propriétaire depuis des temps immémoriaux. Pour preuve la négligence des bâtis qui délaissés par l'homme et laissé aux temps dépérissent.

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    La bâtisse est pourtant une solide bastide. On remarque tout de suite tout au long une jolie corniche et plus bas les trois niveaux s'enchaînent. Au centre, un escalier central déssert des pièces assez vastes hormis au dernier étage ou le tout est mansardé. Une pièce reste effrayante. On y entend des bruits, la poussière y est étrangement remuée. ll s'agit en fait d'un ancien pigeonnier aménagé dans une partie des combles. Bien qu'hors de chez hors service, l'endroit conserve encore quelques volatiles fidèles.

    Plus bas à la source au fur et à mesure que le soleil tombe les femmes quittent les lieux, du coup, le silence se fait allentour. L'eau toutefois continue a éffleurer le sol jusqu'à chez Christine où dehors on s'est attablé. C'est l'occasion d'admirer le magnifique saule pleureur planté tantôt par Papé.

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