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Par meliflore le 24 Février 2010 à 19:54
Alors que les Hauts d'Aix cézannisés retrouvent la paisibilité de l'oubli, un des quartiers alentours est aux aguets, alerté par les signes prédicateurs de ce qui s'annonce comme une redistribution foncière massive. Cette expression utilisée pour sa fonction de totalité tend également à souligner l'énormité du programme immobilier envisagé dans le secteur. Au centre de toutes les attentions, de vastes parcelles de terre et leurs bâtis passés à travers le temps du statut de champs d'amandiers, de pieds de vignes à celui de zone indicible aussi bien rêve de promoteurs, promenade dominicale que terre d'asile pour quelques-uns des plus infortunés aixois. <o:p></o:p>
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Là-bas, au bout du domaine quelques traces de campements apparaissent dès la plongée dans les buissons de lauriers bien gras. Quelques guenilles détrempées côtoient une improbable casserole qui fut certainement en son temps l'ustensile de quelques âmes perdues en jungle péri-urbaine. Une belle allée de platanes marque de l'usage d'habitation d'une part du domaine. Agés de cinquante ans environ, les vénérables géants encadrent un chemin enserré par les plantes placées sous leur protection. Au loin, une bastide bâtie sur quatre niveaux met le tout en perspective. Juste à proximité, quelques bâtiments figurent de l'usage agricole de la propriété au-delà de la production d'amandes ou de raisins. Il s'agit là d'appentis destinés à l'élevage. Jadis, des vaches laitières regardaient passer le chaland, espionnaient le garçon de ferme après la traite. Si la maison des "Garçons de vache" est contemporaine au début du siècle - aux alentours de 1905 - le reste des bâtiments à connus les joies de propriétaires arrivés dans les lieux au dix-huitième siècle.
NicheBien masqué sous les ronces, un vaste pré-haut organisé autour d'une marre d'eau évoque une loingtaine activité basée sur la force des eaux. Entre ronces et champs, entre l'eau et la terre, le Domaine à perdu peu à peu la fonctionnalité de tous ses attributs. Les fastes du dernier propriétaire, qui fut, parrait-il, l'un des pionniers du vêtement de travail à Aix, sont peu à peu gommés. "Adieu l'artiste" auraient pu scander les quelques riverains à l'occasion du départ des derniers métayés qui fut précédé, quelques temps auparavant, par celui de ses "propriétaires". Hélant volontier le promeneur du dimanche égaré, le vielle homme affichait les traits d'un intarissable savoir : la mémoire du Domaine.
Lave-linge H.S.De ce souci d'inscription des sites dans des récits, des écrits, des témoignages, l'histoire retiendra probablement les mentions relatives au Domaine présentes dans les documents bien actuels des lotisseurs. Il s'agit pour ces derniers d'exploiter en lotissement, certainement de grand voir de très grand standing, un site à de nombreux égards idéal. A cet idéal à même de séduire le peintre comme le rêveur, le chasseur comme le promeneur, s'adjoint une autre dimension : un autre Domaine situé à quelques encablures. Jadis les deux propriétés étaient reliées mais ce lien n'a pas résisté à la force des eaux. L'accès d'origine jalonné d'une remarquable allée de platannes, celle-ci centenaire, n'a pas motivé la reconstruction du passage submarin.
Essai de mélange en générationIl s'agit en outre de faux jumeaux caractérisés par une date de conception proche mais par de solides différences sur le fond comme dans leurs formes. Si le Domaine des Garçons de vache grelotte de son vide, son jumeau est lui tout à fait habité et jouit à ce titre d'un entretien conséquent. Esthétiquement, la possibilité du cas monozygotte est d'emblée écartée tant les deux constructions de maître s'opposent malgré un jus, des matériaux communs.
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L'austérité, le sobre à peine corrompu par quelques pointes de coqueterie du Domaine des Garçons de vache ne soutient pas la comparaison avec son frère qui relève par opposition de l'éxubérance et qui triomphe sur son environnement pourtant mille fois enchanteur. De la superbe orangerie à la tourelle, qui ne perce pas aux travers des arbres ivres des eaux de ruiseaux, l'espace est agençé avec goût et l'intérieur de la bastide fort vaste est organisée en appartements. Le vaste parc, privé et exclusivement reservé à l'usage des habitants, offre en tout points des surprises entre ruines médiévales enlierrées et portail mise en abîmes, relevé définitivement de ses fonctions au gré des multiples changements intervenus quant aux limites de propriété du/des Domaine. Malgé l'écrin de verdure aux allures d'éternité, le clapoti de l'eau, un léger vent, le bruit des promoteurs raisonne et fait échos auprès des proches qui de craindre une restauration du pont entre les deux propriétés entre temps mystifiées en lotissement qui de s'interroger sur la pérénité de ses conditions futures de logement.
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