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Par meliflore le 6 Mai 2012 à 01:21
Sur la route du soleil
Au sud d'Aix-en-Provence, là où la Nationale 7 conduit à Nice, la sortie de ville représente le petit quartier du Pont-des-Trois-Sautet. A l'appui de ce patronyme, un pont de pierre qui permet de relier les collines du Montaiguet à la Nationale 7. Etroite, la voie mythique est enserrée entre l'Arc et l'autoroute, de fait un maigre espace est utilisé par quelques commerces, des parkings et des terrains aux sorts improbables. Très passante, la petitesse de l'artère mène à une réfection annoncée. De même, la proximité du flux automobile repousse les ambitions immobilières classiques. Si au-delà des eaux de l'Arc les collines sont parsemées de riches bastides, de jolies maisons, les berges de la rivière sont vagues.
Tandis que les autos passent, en contre-bas de la route un bidonville moderne s'est constitué au fil des années. Sans rapport avec l'actuel phénomène de campement rom, l'installation est vieille de dix ans. A l'origine, les malheurs d'un promoteur bordelais qui voyait en ces parcelles situées au bord de l'Arc le possible emplacement de son supermarché. Déconfit Mr X est recalé, les risques de crue sont trop élevés pour envisager ce type d'activité commerciale. Pour le propriétaire, les dalles coulées pour le parking, les lampadaires, les routes de dessertes ne sont plus que des constructions encombrantes étrangères à leur environnement.
Naissance du squat emblématique d'Aix-en-Provence
Sur d'autres dossiers, ce lillois va des années durant ignorer le sort de son projet avorté tandis que pour d'autres les bris de cet échec vont servir de substrat pour faire communauté. En une décennie le "terrain de l'inter" va devenir le "squatte de Palette" du nom d'un hameau tout proche devenue ilot routier. La population présente dans le squat de Palette correspond aux tendances des populations micro-errantes présentent dans le secteur aixois. Paradoxalement, les pionniers de ce vaste espace organisé en camping informel sont des individus présents de longue date dans la commune.
Formant une communauté à part, ce groupe d'une dizaine de personnes a dans un premier temps jouit en solo de ce domaine de plusieurs hectares. Habitués à ce type de contexte, les compères avaient auparavant successivement investit une usine à gaz à l'arrêt en centre-ville, une ferme abandonnée dans le quartier des Infirmeries puis un hippodrome dans le même état au quartier de la Parade, ces trois sites sont devenus des résidences. Au fil des années, la population du squat de Palette à grossie entre les personnes, leurs animaux invitées alors que d'autres s'installent en force.
La fin du squat de Palette 05.2012
Lorsque les flots de l'Arc charries les boues de l'hiver part avec eux ses plus proches riverains. Le squat dit de Palette était situé à quelques pas seulement de la rivière, en contre-bas du petit quartier du Pont-des-Trois-Sautet. Comme nous l'avions évoqué dans aix-la-désenchantée, le vaste terrain qui fut un temps imaginé en supermarché était occupé par une population de squatters plutôt jeunes depuis une dizaine d'années.<o:p></o:p>
Les plus anciens étaient souvent issus de squats démantelés durant la décennie précédente comme aux Infirmerie ou Route des Alpes. En ce samedi matin même Crête rouge l'historique leader des marginaux aixois est groguis : son véhicule-habitation en attente à l'entrée du squat. Averti le jeudi 3 mai, les squatters n'ont eu qu'une journée pour évacuer les lieux. En terme de véhicules et d'habitat, les pertes s'étalent sous la forme de gros tertres restes de caravanes, de camions rassemblés par les pelleteuses municipales. Sans heurts, les habitants renoncent tandis que déjà quelques roms s'affairent à extraire des restes du campement quelques lambeaux de métal.<o:p></o:p>
Notre chronique sur le squat réalisée en 2010
Alors que la plupart des squattes connaissent une vie éphémère, le squatte de Palette revendique une petite dizaine d'années d'existence. Loin des clichés classiques, ce lieu vaste de plusieurs hectares ne comprend ni maison ni bâtiment, seulement les aises d'un terrain parfaitement plat.
Cette aire de campement informelle située en bordure de la Nationale 7 à la hauteur du Pont-des-Trois-Sautets devait accueillir à l'origine une grande enseigne de supermarché. Le propriétaire du terrain, avait déjà tracé les plans du complexe commercial dont les parkings auraient jouit d'une vue imprenable sur la rivière. Au-delà d'un simple projet, ce promoteur avait débuté l'aménagement du terrain mettant en place des aires de parking ici, des trottoirs par là : plus loin des lampadaires.
Au cœur de nombreuses polémiques dans les années 1990, le projet "d'Inter" au Pont-des-Trois-Sautets n'a finalement jamais vu le jour, coincé entre des riverains hostiles et la mise en exergue classique des dangers d'une crue millésimée de l'Arc. Si le terrain était gardé à ses débuts par un employé logé dans un mobile-home, l'homme fut très vite démobilisé et bientôt le mobile-home fut occupé par un premier arrivant sans droit ni titre. En quelques années, les abords puis bientôt le terrain entier furent occupé par des caravanes, des camions, des cars aménagés, parfois des cabanes composées autour des véhicules.
Les effectifs du "Squatte de Palette" fluctues au gré des saisons, de la fermeture des squattes environnant à l'image de celui de la Route du Tholonet ou plus anciennement de l'immense squatte du Domaine de La Parade. Pour l'heure, un feu est alimenté en permanence dans une partie du campement tandis que d'autres groupes indépendants sont réuni en lieux de vie un plus loin. Cette communauté est ainsi divisée en plusieurs foyers engagée dans une cohabitation pavillonnaire toute particulière. Ici pour exemple, la maitrise de l’unique accès à l’électricité est un réel enjeu de luttes et de pouvoir.
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Par meliflore le 19 Janvier 2012 à 22:03
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